La transidentité ou le genre sacré du sécularisme

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Nous, chrétiens, sommes souvent désarmés face aux récits de la transidentité car nous ne parvenons pas à les interpréter. Pourtant, la transidentité revêt une dimension profondément spirituelle et religieuse. Elle incarne le nouveau sacré du sécularisme.

La théorie du genre et la vision du « moi »

Nous tirons tous la source de notre identité de quelque chose ou de quelqu’un.

La théorie du genre affirme que ce n’est ni Dieu, ni nos chromosomes, ni notre corps, ni nos parents, ni la société, ni la science qui disent qui nous sommes. Nous sommes ce que nous disons que nous sommes. C’est la seule parole de vérité.

En cas de dysphorie de genre, le but n’est pas de se réconcilier avec son corps, mais de le transformer _par la parole et les acte_s afin qu’il ressemble à ce que l’on pense être. Ou plutôt, à ce qu’on devrait-être.

Nous croyons tous un peu à cela. Sans aller jusqu’à la transition de genre, nous utilisons des applis qui, à coup de filtres et de retouches, nous permettent de façonner le corps que nous souhaitons.

Ceux qui adhèrent à la théorie du genre se revendiquent d’une vision matérialiste du monde. Pourtant, ce n’est pas la dimension matérielle de leur identité qui les définit, mais l’immatérielle. C’est leur « moi » psychologique qui est leur vrai « moi ». Mais pourquoi le monde matériel a-t-il tort?

Comment justifier que le « moi » psychologique dit vrai et non le « moi » physique? Comment l’assignation d’un sexe par le hasard génétique peut-il être mauvais alors que le hasard est, par nature, sans volonté?

Nous sommes créés pour nous comprendre et nous construire en lien avec notre Créateur.

La chute n’enlève pas une part de notre nature, mais elle la dénature. Nous gardons en nous le « sens de Dieu » (Calvin) que le péché pervertit. Nous demeurons des êtres intrinsèquement religieux. Et voici le drame humain: nous sommes à la foi incapables de ne pas chercher Dieu et incapables de le trouver par nous-mêmes.

Nous cherchons donc à nous fabriquer des dieux à notre image. Cette image, nous la construisons en nous plaçant nous-mêmes au centre de tout, tels des dieux, et rejetant Dieu.

« Ces gens-là portent leurs idoles sur leur cœur », dit le prophète Ezéchiel (Ez 14.3). L’homme sans Dieu se voit ainsi créateur de sa propre identité, auteur de son propre métarécit.

Le métarécit de la théorie du genre

La Bible nous enseigne que:

  1. nous sommes créés normés par Dieu (homme/femme),
  2. nous sommes déformés par le péché,
  3. nous sommes recréés en Christ.

La théorie du genre affirme que:

  1. nous venons à l’existence neutres (ni féminin ni masculin) et avec un sexe assigné (par qui?),
  2. nous sommes déformés par les normes arbitraires fixées par les hommes (genre binaire masculin/féminin fondé sur le sexe),
  3. nous pouvons nous (re)créer nous-mêmes par notre capacité d’auto-détermination et d’auto-affirmation. Le corps assigné à la naissance peut être le bon, mais seulement s’il est choisi comme tel.

En somme, chrétiens et adeptes de la théorie du genre croient tous qu’ils sont des êtres créés. Les premiers sont créés selon la Parole de Dieu, les seconds par leur propre parole « performative ».

La transition de genre est une sanctification

Pour devenir vraiment lui-même, le trans doit mettre à mort son ancienne nature et se revêtir de celle qu’il se choisit. C’est ce que la communauté transgenre appelle la transition. Cette transition est éminemment religieuse.

La transition commence par la foi. L’individu doit croire que la théorie du genre est vraie, qu’elle est la juste interprétation de son identité et de ses envies, et qu’elle est la solution à ses souffrances. Ce pas de foi est à l’origine du processus de transition.

La transition dite « sociale » est la conversion. L’individu change de nom et d’apparence vestimentaire en fonction de l’identité qu’il se donne. Le nom donné par les parents est alors appelé le « dead name ». L’individu rebaptisé devient trans, et reconnu comme tel.

La transition dite « spirituelle » est l’intégration dans la nouvelle famille, la famille spirituelle. C’est l’adoption par les saints de « l’église trans ». Être trans (du latin secare) c’est être coupé de son sexe d’origine. Mis à part, consacré. C’est être saint. C’est faire partie de la communauté des élus trans.

La transition juridique est la justification. Sur décision de justice du tribunal de grande instance, l’acte de naissance et la carte d’identité sont modifiés pour correspondre à la nouvelle identité de genre. L’État déclare juste le trans dans la vision qu’il a de lui-même et il obtient ainsi une nouvelle citoyenneté.

La transition physique (traitements hormonaux et chirurgie) est le sacrifice expiatoire. C’est une sanctification où la destruction du corps est le salut de l’âme. Celui qui va au bout de la démarche (après chirurgie, le transgenre est un transsexuel) devient une incarnation, un signe d’auto-affirmation pour les peuples. Certains de ces prêtres exposent fièrement leurs meurtrissures sur les réseaux sociaux pour encourager ceux qui doutent.

La transition appelle à une vie de disciple. Elle est un engagement à prêcher le crédo du « moi » souverain et la bonne nouvelle de la transition. Le trans suit la liturgie et fait ses pèlerinages dans les marches des fiertés. La moindre opposition ou critique à son message fait de lui un prophète martyr des phobies des « cisgenres » qui refusent de promouvoir sa religion.

L’espérance eschatologique LGBTQ est une création d’un royaume où l’évangile selon le « moi » serait la fierté de tous. Quand bien même cette société verrait le jour, la souffrance du mal-être disparaîtrait-elle?

La transidentité ou l’évangile selon le « moi »

Ce que je veux démontrer ici, c’est que la transidentité est un évangile, pur produit du sécularisme. L’évangile du « moi ». La bonne nouvelle du « moi » triomphant qui place tout sous ses pieds. En réalité, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. La théorie du genre est un gnosticisme séculier, un dualisme entre la matière et l’esprit.

Le récit trans promet de résoudre le conflit entre l’être intérieur et l’être extérieur en changeant l’être extérieur par les affirmations de l’être intérieur, et le sacrifice de la circoncision (extrême) de la chair.

Si nous sommes en conflit avec nous-mêmes, nous ne pouvons être nous-mêmes la solution. Nos idoles fabriquées ne nous sauvent pas. Nous sommes le problème. Précisément, notre « moi » est le problème.

C’est de l’intérieur, c’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises pensées, les adultères, l’immoralité sexuelle, les meurtres, les vols, la soif de posséder, les méchancetés, la fraude, la débauche, le regard envieux, la calomnie, l’orgueil, la folie. Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et rendent l’homme impur. – Mc 7.21–23

Ceux qui se conforment à leur nature propre se préoccupent des réalités de la nature humaine (…) De fait, la nature humaine tend vers la mort. – Rm 8.5–6

Cet évangile, où l’homme se crée lui-même, est l’évangile du mensonge que produit notre cœur et qui conduit à l’autodestruction. Ce cœur si noir qu’il ne peut être sondé, mais que nous prenons pour une boussole. Ce cœur aveuglé par le péché qui prend la folie pour sagesse.

Pour comprendre qui nous sommes, nous devons recouvrir notre statut de créature.Notre corps est créé par Dieu, il fait partie de notre identité.

C’est toi qui as produit les profondeurs de mon être, qui m’as tenu caché dans le ventre de ma mère. Je te célèbre, car j’ai été fait de façon merveilleuse. Tes œuvres sont étonnantes, je le sais bien. Mon corps ne t’était pas caché lorsque j’ai été fait en secret, tissé dans les profondeurs de la terre. Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui furent façonnés, avant qu’aucun d’eux n’existe. – Ps 139.13-16

Nous sommes un ouvrage conçu avec bien plus d’amour et de sagesse que nous pouvons l’imaginer. Ce que nous sommes est un cadeau de Dieu. Le problème n’est pas notre corps, mais le péché en nous. C’est lui qui obscurcit nos pensées et notre cœur.

Pour le dire autrement, le problème ne vient pas de notre sexe. Il vient de notre cœur, de notre « moi ».

Ce constat n’est pas moins vrai pour les personnes transgenres. C’est leur cœur qui croit et crée leur dysphorie de genre. C’est leur cœur qui les rend malheureuses et perdues. Mais elles peuvent découvrir un réel espoir.

L’Évangile de Jésus-Christ raconte une plus belle histoire

Notre être, ce chef-d’œuvre à l’image de Dieu, défiguré par le péché en nous n’est pas à détruire, refaçonner, recomposer selon notre bon vouloir.

Le salut de l’âme et la résolution de notre conflit interne ne se trouvent pas dans la mutilation de notre corps. Ils sont dans le corps crucifié de Jésus (Rm 8.3).

Les personnes transgenres n’ont pas besoin d’une transition vers leur « moi », mais vers Christ. En effet, ce dont les transgenres ont besoin, ce n’est pas d’un nouveau sexe, mais d’un nouveau cœur et d’une nouvelle vie. Seul Christ peut les leur offrir.

Jésus enseigne que notre « moi » n’a pas besoin de s’affirmer, mais de mourir. Son cadeau est de nous unir à lui, dans sa mort et sa résurrection, afin qu’en lui nous ayons une nouvelle vie, une nouvelle identité:

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. – 2 Co 5.17

Unis à lui, nous avons également la certitude de participer à la même résurrection physique que la sienne lorsqu’il reviendra (Rm 6.3-11).

Le corps est semé corruptible, il ressuscite incorruptible. Il est semé méprisable, il ressuscite glorieux. Il est semé faible, il ressuscite plein de force. Il est semé corps naturel, il ressuscite corps spirituel. S’il y a un corps naturel, il y a aussi un corps spirituel. – 1 Co 15.42–44

Voici l’espoir de toute personne qui se tourne vers Jésus-Christ: au dernier jour, aucun enfant de Dieu ne fera l’expérience d’une déconnexion entre son corps et son sens de l’identité. Il n’y aura plus de confusion, plus de lutte ni de souffrance. Au contraire, ce sera la paix et la joie parfaite.

L’Église doit démontrer que le Royaume de Dieu est meilleur que le royaume du « moi »

On dit souvent que l’Église devrait traiter les vraies questions que les gens se posent. C’est ne pas comprendre la mission de Jésus ni la mission de l’Église. Les questions du monde ne sont pas des questions qui conduisent à la vie. Ce qui doit être dit, c’est que là où l’Église est fidèle à son Seigneur, là la puissance du Royaume est présente et les gens commencent à poser les questions auxquelles l’Évangile est la réponse. – Lesslie Newbigin, The Gospel in a Pluralist Society, Grand Rapids, Eerdmans, 1989, p.119.

Nous avons peur des questions qui peuvent nous être posées. Nous avons peur d’être taxés de transphobes. Malgré tout, nous voulons aimer notre prochain, quels que soient sa vision du monde et ses choix.

Nous ne devons pas nous tromper de combat. Dieu peut utiliser la dysphorie de genre pour attirer à lui ceux qu’il veut restaurer. Ce doit être notre prière.

L’Église est le signe du royaume de Dieu. Par notre amour et notre proclamation de l’Évangile de Jésus, nous devons démontrer comment le Seigneur accueille les personnes qui souffrent et qui sont perdues. Comment elles trouvent le repos en venant à lui par la foi. Comment Jésus les délivre de leurs souffrances et comment leur être intérieur se renouvelle en lui de jour en jour (2 Co 4.16).

Les personnes transgenres sont brisées. Notre objectif final n’est pas de les juger, mais de leur faire découvrir l’espoir qui peut enfin les guérir: Jésus-Christ.

Pour aller plus loin:

Raphaël Charrier

À 17 ans, Raphaël s’engage dans l’armée dont il est renvoyé moins de deux ans après. Il reprend alors l’école et obtient le bac à 23 ans. C’est à ce moment qu’il découvre la personne et l’œuvre de Jésus-Christ et place sa foi en lui pour être sauvé. Il poursuit ses études et devient Éducateur Spécialisé. Il s’oriente ensuite vers des études de théologie à l’Institut Biblique de Genève, puis à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-Sur-Seine, afin de se consacrer au service de l’Évangile.

Raphaël a été pasteur de l'Église Chrétienne Évangélique de Grenoble pendant 9 ans. Il sert désormais l'Église comme enseignant. Il est marié à Marion et ils ont deux enfants. Il est auteur du livre Vivre pour Jésus, qui a pour objectif d'aider les chrétiens à poser les bons fondements de la vie chrétienne, et coauteur de L'Évangile.net: 7 signes, une ressource d'évangélisation basée sur l'Évangile selon Jean.

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Découvre le replay du webinaire de Karim Arezki, enregistré le 6 mars 2017.

Orateurs

K. Arezki