La maladie mentale du XVe au XVIIIe siècle

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Bonjour tout le monde. Nous continuons notre avancée dans l'histoire de la maladie mentale. Nous quittons le Moyen-âge et l'Antiquité pour se rapprocher un peu plus de nous. Mais nous allons voir que l'évolution va aller d'un extrême à l'autre. L'anthropologie séculière va subir de nombreux changements. Nous verrons ensuite les applications que nous vivons encore aujourd'hui de ses influences.

Le monde va beaucoup changer avec une évolution de la considération de la maladie mentale. Le siècle des lumières va également faire émerger une nouvelle conception de l’être humain et une vision plus positive.

De la renaissance jusqu’à la période classique (XVème au XVIIIème siècle)

Ce que disait le monde séculier

La théorie des humeurs a reculé pour d’autres expérimentations. Elle reviendra dans la Renaissance dans laquelle il y a un regain particulier pour le monde ancien gréco-romain. Cependant, ce qui marque ici un point particulier est la considération des « aliénés ». Michel FOUCAULT retrace cette histoire dans son livre « L’histoire de la folie à l’âge classique ». Il parle d’une date fondatrice qu’est 1656 avec la création d’un hôpital général dans lequel nous internons systématiquement les fous, mais également les pauvres et des criminels. C’est un lieu étrange dans lequel s’entremêle tant la coercition que la bonté. Cette question de l’internement doit être posée dans son contexte culturel, car ce n’était pas nouveau: des lieux d’internement existaient déjà bien avant. En effet, il y avait là une systématisation de cette procédure en tentant de soigner par ce biais.

Le fou était souvent quelqu’un d’errant, rejeté de la société. Ils étaient souvent surveillés, notamment dans leur potentialité de troubler l’ordre public. Il fallait bien en faire quelque chose. Nous voyons ici une mutation progressive de la maladie mentale. Elle prend une dimension sociologique et sociale beaucoup plus présente. On se tourne progressivement vers l’aspect physique et médical des troubles mentaux. Il n’y a pas encore un échange dialogique avec le patient. Il y a tout au plus une tentative de remédiation par des remèdes de « grand-mère » à base de substances et de produits divers (et si possible puants, putréfiés et en provenance de l’intérieur d’animaux). Les avancées scientifiques n’ont pas été impactantes durant cette époque. On notera néanmoins des procédés comme la saignée ou les électrochocs qui ne laisseront pas indemnes certaines personnes, et en tueront un certain nombre.

Ce que disait le monde religieux

La Renaissance a été dans la continuité du Moyen-Age avec un développement toujours plus fort de la démonologie, de la sorcellerie et donc de l’Inquisition. Cependant, le siècle des Lumières laisse de côté l’aspect religieux et mystique. La médecine se tourne vers ce qu’ils appellent la raison au travers de la médecine et de la science. Celle-ci reste encore balbutiante à ce sujet.

Ce qui est intéressant, c’est que les religieux eux-mêmes vont être considérés pour certains comme des fous ou des aliénés. Certains baignaient dans la recherche de visions et d’expériences extraordinaires et subjectives. C’est d’ailleurs contre cela que Luther s’érigera contre des révélations postérieures à la Bible avec notamment le « Sola Scriptura »

A noter que se développe également une théologie des émotions, des affections et du cœur extrêmement intéressante et avec une anthropologie très développée. Je pense notamment à l’ouvrage de Jonathan Edwards, Religious affectious qui développe une réflexion anthropologique très pointue et notamment sur le cœur de l’être humain et indirectement sur son corps. La conception de la maladie mentale évolue donc dans le milieu chrétien et particulièrement puritain.

Les points de contact et de contraste avec une vision biblique du monde

  • Nous observons dans Marc notamment, que Jésus-Christ, dans sa prédication, était qualifié de « hors de sens » par sa propre famille. Ce point de contact se situe dans la question des normes sociales. Celles-ci sont des éléments prépondérants dans la qualification de l’état mental de quelqu’un, dans sa propension à intégrer ou non la société d’une manière normative. Il y a ici un point de contact avec la Bible: la maladie mentale peut être biologique, mais elle est aussi sociale et environnementale. Les chrétiens de l’époque en ont souffert les premiers, raillés par les gens des Lumières se considérant éclairés par leur raison. Les chrétiens, dans leur vie de disciple, sont en dehors des normes sociales de toute époque. Ils peuvent être considérés à raison comme « fous », car leurs comportements sont en décalage avec les normes sociales en vigueur.
  • La vision de l’être humain commence à basculer à cette époque malgré une image encore globalement négative. Mais les déterminants ne sont pas recherchés dans l’homme, mais autour de l’homme. Nous le constatons également au travers d’auteur comme Jean-Jacques Rousseau qui va renverser la perception de l’être humain, vu comme bon, mais qui est corrompu par son environnement. Si la pollution du péché demeure dans le monde, l’être humain est tout aussi de nature pécheresse.
  • Quant aux « malades mentaux », la société de l’époque leur attribue une valeur moindre et les extrait de la société pour les enfermer en dehors du monde. On les exclut pour qu’ils ne perturbent pas. Christ est venu précisément pour les personnes malades et non les « bien-portants ». Bien sûr que cela dépasse le cadre de la maladie. Mais Jésus est venu au contact des exclus, de ceux qui étaient rejetés par les sociétés de l’époque pour leur annoncer l’Évangile, mais également pour les bénir en tant que fils de Dieu. Nous avons une responsabilité d’aller vers ces gens que les sociétés excluent. En cela, c’est un point de contraste important quant à l’amour que nous portons pour ceux qui nous entourent.

Vous pourrez retrouver ici le premier article sur l’histoire de la maladie mentale.

Vous pourrez lire ici pourquoi je mets tant d’importance sur la théologie en tant que psychologue.

Samuel Laurent

Chrétien et psychologue, Samuel est marié à Pauline depuis 17 ans et ont trois enfants. Ils ont créé l’association « La Boussole » avec laquelle ils proposent des formations en accompagnement biblique à l’intention des églises locales. Il est étudiant à la Faculté de Théologie Jean Calvin.

La question de l’accompagnement/counseling biblique est la principale raison de leur présence sur TPSG. ils souhaitent développer et partager leur vision biblique du monde autour de l’accompagnement, de la psychologie et des problématiques du cœur humain.

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S. Laurent